dimanche 19 août 2007

deux chiens

Deux animaux dangereux sont signalés errant aux abords du village. Nous partons pour tenter une capture.

Il s'agit d'un grand mâle de type labrador accompagné d'une femelle plus petite qui ressemble à du berger belge. Ils n'ont pas l'air agressifs mais ce qui me choque tout d'abord c'est leur maigreur et leur obstination farouche à rester si proches.

Je tente une approche et le mâle curieux vient rapidement à ma rencontre. Mon nouveau compagnon de jeu aboie à deux mètres de moi en signe de "voilà ma distance de sécurité, tu n'approches pas plus". J'essaie quelques ordres simples mais pas de réaction. Il revient à sa femelle restée en retrait.

Leurs silhouettes faméliques nous interpellent. Une habitante revient avec force jambon et pain. Le mâle, toujours lui, renifle à peine, et s'en retourne. Ils n'ont pas faim de manger. Juste faim de rester seuls tous les deux pour ce qu'ils ont à accomplir. Nous tentons de les séparer, et de les approcher au plus près pour utiliser le lasso en bout de canne. Rien n'y fait. Leur vigilance qui semble s'assoupir reprend de plus belle à la dernière seconde. Ils n'attaqueront pas, mais ne se laisseront pas prendre. Nous demandons le renfort du tireur et son fusil à seringue.

Le champ dans lequel nous nous trouvons est une friche assez grande et plane. Il fait chaud dans la tenue que nous ne pouvons quitter pour raisons de sécurité. Attendre. Le soleil se rapproche de l'horizon. Mon esprit s'échappe et vole vers les plaines d'Afrique que je ne connais pourtant pas. Il ne s'agit plus ici de tuer mais d'apprivoiser. Ce couple, retiré loin de la civilisation pour s'aimer en secret, loin du regard de tous. Je prête aux chiens des intentions humaines. Ils sont couchés l'un près de l'autre, épuisés. Je note à quel point la femelle ne prend aucune initiative d'approche. Son mâle est toujours à la défendre, à veiller sur elle avec une ardeur que je n'avais jamais vue sauf des juments poulinières par rapport à leur petit. L'instinct animal. Je prête à ses bêtes des intentions humaines. Et je me découvre à l'affût de leur instinct. Je deviens animale. Je ressens leurs êtres, leur force unie. L'air s'épaissit, je deviens chasseur de vie dans la steppe africaine. Je suis féline.

L'arrivée des renforts me tire de ma rêverie. Contact avec le vétérinaire. Choisir l'animal. Doser le produit. Tenter de s'approcher. Mais les bêtes ont repris du poil, et trop d'hommes dans leur prairie c'est le danger qui grandit. Cette fois, ils filent, pas très vite, mais vers les habitations, vers la route. Sécuriser leur traversée à tout prix. Les retrouver de l'autre côté. S'approcher. Tirer ... Un champ de maïs devient leur abri. La nuit qui tombe leur meilleure chance de salut.

Le propriétaire de la parcelle alerté par notre présence nous précise que la culture s'étend sur plusieurs hectares, parsemés de quelques pièges. Pas de lune. Plus de bruit. Nous devons abandonner ici ces deux amants perdus.

2 commentaires:

El-Manu a dit…

Mais qu'est ce que tu écris bien ! Tu m'énerves !!
Encore bravo mam'zelle

Ton fidèle admirateur...

El-Manu a dit…

Qu'est c e t'écris bien, ça m'énerve !
Parfait comme d'hab...

Ton fidèle admirateur...

ps: j'ai peut être fait un double post, tu supprimeras si nécessaire...